Où va le football tunisien ?

Publié le : samedi 19 mai 2018

Encore une fois, le football tunisien a montré hier son visage le plus sombre au cours d'une soirée qui restera dans les annales à la suite du retrait de l'EGS Gafsa en match de barrages.

Tous les maux du football tunisien ont été personnifiés dans ce match, avec un stade de Rades presque vide de ses supporters, de la violence sur la pelouse entre les dirigeants et du sang qui coulait à flot, un arbitrage partial, des politiciens qui tentaient de mettre la main sur le sport et enfin des dirigeants inconscients et qui ne méritent pas leurs places sur les pelouses de football.

Pourtant, tout a bien débuté dans ce match de barrages avec deux formations qui jouaient très bien au ballon, avec même une certaine domination des joueurs de l'EGS Gafsa.

Mais un penalty non sifflé en leur faveur a fait monter la tension et la présence d'Aymen Chandoul sur la pelouse, lui qui était interdit de banc, a fait qu'au coup de sifflet de la mi-temps, les nerfs ont explosé du côté de certains dirigeants avec à la clé une bataille rangée au milieu de terrain qui a été lancée par des contestations contre l'arbitre Sadok Selmi avant de se transformer en un chaos général.

Le début de la seconde période a été reporté de quelques minutes à cause de l'existence sur la pelouse de personnes non enregistrées sur la feuille du match.

Dès les premières minutes de la seconde mi-temps, un penalty a été sifflé en faveur de l'US Ben Guerdene, pour une main d'un joueur de l'EGS Gafsa alors qu'il était à moins d'un mètre du joueur de la formation de Ben Guerdene, un penalty que beaucoup ont jugé sévère.

Mais après l'ouverture du score de Lassaad Jaziri, les joueurs de l'EGS Gafsa ont vite repris le jeu, réussissant à égaliser la marque une seule minute après le but de l'US Ben Guerdene.

Mais à la 63ème minute et à la surprise générale, le président de la formation de Gafsa a appelé des tribunes son entraineur pour lui demander de se retirer du match, car il estimait que Sadok Selmi sifflait à sens unique, et qu'il était alors impossible à son équipe de remporter le match.

Nous avons vu alors des hommes politiques de la ville de Gafsa descendre sur la pelouse pour tenter de discuter avec les officiels de la rencontre.

Sadok Selmi, qui avait accordé un délai de cinq minutes aux joueurs de l'EGS Gafsa pour reprendre le jeu, n'a pas attendu une seconde de plus, malgré le fait que les joueurs avaient repris le chemin vers la pelouse, et il a décidé de siffler la fin du match.

Cette saison sportive finit ainsi dans un chaos total, à l'image de tout ce qu'on a vu durant toute l'année, avec de gros problèmes d'arbitrages, des désignations suspectes, de la violence partout, des instances sportives incapables de prendre les décisions qui s'imposent, et même quand elles les prenaient, une instance plus haute venait les casser pour faire plaisir à telle ou telle formation.

En milieu de saison, la Fédération Tunisienne de Football a par exemple choisi de changer les conditions de relégation de la Ligue 2 vers la Ligue 3 et d'organiser un mini-championnat qui augmentera un peu plus le nombre de formations de Ligue 2 la saison prochaine. Selon certains, cette décision a été prise pour sauver l'Olympique de Béja de la relégation.

Cette saison, et rien qu'en haut du tableau et selon la majorité des observateurs, les résultats des matches (EST-CA, CA-EST, ESS-EST, EST-ESS, ESS-CA et CA-ESS) ont tous été faussés par les fautes des arbitres.

A l'issue de chaque journée de championnat, les contestations fusent contre les prestations des arbitres centraux et les arbitres assistants, coupables cette saison de plusieurs grosses fautes.

Les huis clos imposés aux clubs ont atteint cette année un nombre alarmant avec la moitié des matches des dernières journées qui se sont déroulés sans la présence du public.

De plus, une crise de confiance jamais atteinte oppose depuis quelques mois les supporters et les forces de l'ordre avec des images de confrontations désolantes à chaque grand match.

La programmation des matches et l’organisation des différents championnats posent également de nombreuses interrogations.

Cette saison, la Ligue 1 a connu des périodes intenses de plusieurs matches par mois, avant de longues périodes de repos parfois pour remonter le moral aux joueurs des formations éliminées des compétitions africaines, et parfois pour effectuer de longs stages de préparation pour la sélection nationale

En Ligue 2, plusieurs équipes sont au repos forcé depuis le début du mois de mars et ne reprendront la compétition qu’au mois de septembre prochain, soit une période d'arrêt de près de sept mois, la faute à un format de championnat à deux groupes.

Cette année, la FIFA a retiré des points a deux formations (Olympique de Béja et Club Athlétique Bizertin) à cause de montants dus non payés, avec en plus des dizaines d'autres avertissements pour plusieurs autres clubs.

Les sommes des amendes des clubs tunisiens auprès la FIFA ont atteint des records cette année et sans l'intervention de la FTF dans certains dossiers, la facture aurait pu être salée et les sanctions beaucoup plus graves.

La situation financière des clubs de la Ligue 1 ne cesse de se détériorer, avec des problèmes partout et une incapacité presque générale à subvenir aux besoins quotidiens et des cris d'alarme lancés à chaque fois par un dirigeant d'une formation pour appeler à l'aide.

Depuis quelques saisons, le football tunisien ne cesse de sombrer dans le chaos, mais tout le monde se cache encore derrière la réussite de la sélection nationale, au sein de laquelle le nombre de joueurs évoluant à l’étranger ne cesse d’augmenter au détriment des éléments locaux.