Où va le football tunisien ?

Publié le : mercredi 9 février 2022

La situation du football tunisien a atteint aujourd'hui un tel point de médiocrité qui devrait pousser tous ses acteurs à vraiment s'interroger sur son avenir.

Aujourd'hui, personne ne sait quand est-ce ce que le championnat débutera et quand est-ce qu'il finira.

Les calendriers des deux divisions sont réalisés au jour le jour, avec des changements de dates, d'horaire ou de stade à chaque journée.

Durant les deux dernières saisons, les clubs des deux championnats "professionnels" des Ligues 1 et 2 n'ont été en activité que durant quelques mois uniquement avec des trêves de deux, trois et même six mois et souvent sans aucune explication logique.

Les équipes de la Ligue 1 disputeront cette saison pour la plupart d’entre elles moins de 20 matches éparpillés sur six mois avec des périodes intenses de trois matches par semaines et d’autres avec un ou deux matches par mois.

Pour la Ligue 2, c’est encore pire avec un championnat à dix journées et une moyenne d’un à deux matches par mois sur une année.

Concernant l’infrastructure, seul le stade de Rades est habilité en Tunisie pour recevoir les rencontres internationales.

Tous les autres stades de la Tunisie nécessiteront des dizaines de millions de dinars pour des travaux de rénovation.

Les clubs évoluent aujourd’hui sur des pelouses et des terrains qui n’ont plus été entretenues depuis des années.

Nous avons un championnat qui se joue à huis clos depuis des années, qui n'a plus de diffuseur sur le plan local, et dont les matches de la saison 2021-2022 sont suivis sur les réseaux sociaux et filmés souvent par des téléphones portables.

Du côté des clubs, le total des dettes s'élève à des dizaines de millions de dinars et la plupart d'entre eux doivent encore régler des litiges avec d'anciens joueurs ou techniciens devant les instances nationales et internationales, mais malgré ceci, plusieurs dizaines et même des centaines de milliers de dinars sont dépensés chaque saison durant les mercatos pour le recrutement de nouveaux joueurs.

Privés de sponsors, des recettes des droits TV et des aides des autorités locales, les clubs vivent aujourd’hui dans une situation plus que délicate qui les a poussé à refuser de reprendre le championnat.

De son côté, la Fédération Tunisienne de Football, l'acteur le plus riche dans le paysage footballistique tunisien, ne fait rien pour arrêter cette hémorragie, elle, qui avait pris la décision de ne plus considérer les joueurs nord-africains comme des joueurs étrangers, ce qui a amené un grand nombre de joueurs dans le championnat tunisien, sans une grande plus-value dans la majorité des cas, et qui ont coûté très cher aux finances des clubs, privant en plus les joueurs tunisiens de places dans les équipes de la Ligue 1.

De plus, la FTF n'a rien fait pour pousser vers l'équilibre financier des clubs malgré une promesse d'exiger les rapports financiers avant le début de chaque saison, ou de fixer la masse salariale des clubs selon leur santé financière.

Du côté du ministère, on ne cesse de répéter que les clubs qui aspirent à recevoir les aides de l’état devront tout d'abord répondre à quelques exigences règlementaires notamment vis-vis de la situation avec la Caisse Nationale de Sécurité Sociale.

Le ministère indique que tout club en règle pourra recevoir l’aide promise.

Il est clair aujourd'hui qu'une guerre des pouvoirs se joue en coulisses entre les différents acteurs majeurs du football tunisien.

Tous connaissent le conflit ouvert entre le ministre des sports Kamel Deguiche et le président de la Fédération Tunisienne de Football Wadii Jarii, et personne ne peut nier aujourd'hui que la décision des présidents des clubs d'arrêter le championnat n'est que l'un des chapitres de cette guerre.

Cette lutte entre la FTF et les organes de l'état aurait également influé sur les négociations avec la télévision nationale au sujet des droits TV.